Tout savoir sur l’arthrose chez le cheval

L’arthrose équine : définition, causes et traitement

L’arthrose est une pathologie qui concerne plus de 50% des chevaux de plus de 15 ans (source : P.R Van weeran et al., 2016). Cette affection locomotrice qui touche les articulations est dégénérative et incurable. Mais pas de panique ! L’arthrose chez le cheval n’est pas synonyme de condamnation : il est tout à fait possible de gérer la douleur et de continuer à offrir une vie normale à son équidé s’il en est atteint. Le tout est de comprendre cette pathologie afin de la prévenir, de soulager les crises et de la stabiliser. C’est ce que je vous propose dans cet article !

C’est quoi l’arthrose chez le cheval ?

Définition de l’arthrose

L’arthrose est une affection chronique dégénérative des articulations. Elle est souvent perçue comme une pathologie hivernale car elle est aggravée par le froid et l’humidité. Mais en réalité, une fois installée, elle est présente définitivement et tout au long de l’année. On peut simplement limiter son évolution et les douleurs qu’elle provoque lors des périodes de crise. L’arthrose est aussi en lien avec l’âge : plus un cheval est âgé, plus il a de probabilités d’en déclencher du fait du vieillissement de son corps. Il est néanmoins possible d’en retrouver chez de jeunes chevaux qui ont été sollicités trop tôt.

En effet, chaque être vivant naît avec une capacité articulaire déterminée. Quand celle-ci est dépassée car les articulations ont été soumises à trop d’efforts, les cartilages finissent par se détériorer. Cela peut donc se produire à n’importe quel âge et aller de la simple usure de l’articulation à la dégradation partielle ou complète du cartilage, avec parfois atteinte de l’os. C’est à ce moment qu’apparaît l’arthrose.

Comprendre le fonctionnement d’une articulation

Pour comprendre l’arthrose, il faut donc comprendre ce qu’est une articulation. L’articulation est la zone de contact qui relie deux os. Les os étant durs, elle permet qu’ils puissent bouger entre eux et avoir de la mobilité. Les articulations sont composées, dans l’ordre du plus interne au plus externe : 

  • De l’os sous chondrale : c’est la partie de l’os la plus proche de l’articulation, dont le rôle est d’atténuer les chocs lors des mouvements (pas, trot, galop, saut) et d’éviter que les vibrations ne se transmettent au reste de l’os. 
  • Du cartilage articulaire : il recouvre l’os sous chondrale de chaque côté de l’articulation. Il a également une fonction d’amortisseur mais surtout de limiteur de frottements entre les os. Pour cela, il a une composition particulière, à la fois élastique pour absorber les chocs mais suffisamment rigide pour empêcher les frictions.
  • De liquide synovial (aussi appelé synovie) : il permet de lubrifier l’articulation, d’amortir et sert à la nutrition du cartilage. Il se présente sous forme de solution aqueuse et visqueuse, contenue dans une capsule articulaire qui entoure l’os et le cartilage.

Lorsqu’une articulation est en bonne santé, elle est composée de suffisamment d’os sous chondrale, de cartilage et de liquide synovial pour éviter que les os ne se touchent et pour permettre que les chocs soient absorbés, quel que soit l’effort demandé. Dans le cas contraire, s’il y a détérioration de l’un de ces éléments et frottement, de l’arthrose apparaît.

Différence entre arthrose et arthrite chez le cheval

Petit aparté sur ces pathologies très proches, que l’on confond car leurs symptômes sont similaires. Si elles appartiennent toutes les deux à la famille des rhumatismes, leur prise en charge diffère. Il est donc important d’apprendre à les différencier pour pouvoir bien les soigner.

L’arthrose, comme on vient de le voir, est une infection mécanique qui correspond à l’usure progressive du cartilage des articulations. Le vieillissement et la sursollicitation de l’articulation sont les facteurs d’apparition les plus courants.

L’arthrite, à l’inverse, est une inflammation de la zone articulaire qui engendre la sécrétion de substances qui détruisent graduellement la structure de l’articulation. Son origine peut être infectieuse, génétique ou métabolique. Par exemple, un cheval malade, qui présente une inflammation généralisée dans le corps, peut déclencher de l’arthrite.

Il existe une manière très simple de les distinguer : bien que le mouvement soit désagréable, c’est lui qui va soulager l’arthrose en réduisant l’inflammation puis les douleurs. C’est tout l’inverse pour l’arthrite, qui fait essentiellement souffrir au repos ! En médecine chinoise, dont fait partie le shiatsu, ces pathologies sont d’ailleurs complètement opposées. L’arthrose est une pathologie froide à soigner avec de la chaleur et l’arthrite une pathologie chaude (puisque c’est une inflammation, qui provoque d’ailleurs une sensation de chaleur au toucher) à soigner avec du froid.

Comment diagnostiquer l’arthrose équine ?

Les principales causes de l’arthrose chez les équidés

Le vieillissement est la 1ère cause d’arthrose chez les chevaux car avec l’âge, les structures internes peuvent s’abîmer et la densité des os baisser. C’est pourquoi, selon des études, un cheval sur deux de plus de 15 ans en est atteint. Néanmoins, ce n’est pas le seul facteur pouvant provoquer son apparition et expliquer qu’autant de nos équidés soient touchés.

On a vu que l’arthrose apparaît quand la capacité articulaire de l’animal est dépassée. Cela veut dire qu’il est possible d’identifier des facteurs de risques : 

  • Travailler son cheval trop jeune : ce qui va user sa capacité articulaire et provoquer de l’arthrose précoce.
  • Travailler son cheval trop intensément : les efforts non adaptés à son corps et à ses capacités vont également abîmer prématurément les articulations.
  • Travailler son cheval dans des positions contraintes : par exemple, les chevaux de dressage à qui on va demander un port de tête très élevé et plaqué vont plus fréquemment présenter de l’arthrose cervicale, due à cette position de l’encolure peu naturelle car très rigide et fixe.
  • Pratiquer des disciplines favorisant les chocs : le saut d’obstacle qui sollicite beaucoup les boulets et les lombaires à chaque réception, le reining qui demande un effort intense aux jarrets lors des spin et des sliding stop…

L’idée n’est pas d’incriminer les cavaliers de sport ou une discipline en particulier. Chaque discipline va impliquer des contraintes articulaires différentes et dégrader plus rapidement l’articulation que ce qui était prévu dans le capital génétique du cheval (en gardant à l’esprit que tous les chevaux ne sont pas égaux non plus de ce point de vue là). Il faut donc simplement avoir conscience de l’impact de chaque pratique sportive afin de ménager au mieux les efforts de son cheval et adapter les exercices à son âge et à ses capacités.

Les symptômes d’une atteinte des articulations

Toutes les articulations peuvent être atteintes par l’arthrose. Chez les chevaux, on remarques que certaines sont plus particulièrement à risque car plus sollicitées lors de la pratique de l’équitation : le boulet, le paturon (entre les deux phalanges), la zone de l’os naviculaire, les jarrets, les carpes (genoux) et les vertèbres. Les premiers symptômes d’une atteinte sont souvent visuels : le cheval va présenter une irrégularité ou boiter. Mais comment savoir si c’est bel et bien de l’arthrose ? Il faut faire une radiographie. C’est le seul moyen de poser un diagnostic fiable, puisqu’on va pouvoir observer la dégradation de l’articulation, voire du cartilage ou de la masse osseuse quand l’arthrose est aiguë. 

Je vous met tout de même en garde quant aux résultats de la radio. Il y a une différence entre ce que l’imagerie montre et la vie réelle. Certains chevaux ne présentent aucun symptôme alors qu’ils sont atteints d’arthrose à un stade très avancé. A l’inverse, d’autres vont boiter à patte cassée alors que les images ne montreront qu’une usure bénigne de l’articulation. Cela veut dire qu’il faut avant tout apprendre à reconnaître les signaux de douleurs et les signaux d’apaisement de son cheval, son langage unique, et surtout l’écouter. Un cheval ne fait pas semblant, donc s’il souffre alors que l’imagerie ne montre rien, il ne faut pas minimiser sa douleur qui est bien réelle. De la même façon, si le bilan de la radio est très sombre, il ne faut pas s’inquiéter outre mesure si son cheval semble bien se porter. Il est tout à fait possible de continuer à monter un cheval qui a de l’arthrose, tant qu’on s’adapte à ce qu’il nous dit. Il existe même des solutions pour le soulager et même, lorsqu’il est encore temps, pour prévenir ou ralentir l’évolution de cette pathologie.

Comment prévenir et traiter l’arthrose ?

Une vie saine pour assurer une bonne santé articulaire

Le meilleur moyen de prévention contre l’arthrose est le mouvement. Pas de saut d’obstacle ou d’enchaînement de figures de dressage non, mais permettre à son cheval de bouger librement et autant qu’il en a envie. Le mouvement permet que les muscles et les tendons se renforcent et prennent le relais de l’articulation, tout en limitant son inflammation. La vie au pré est donc une excellente façon de garantir une mobilité douce et constante de son corps.

La bonne gestion du poids permet également de prévenir l’apparition de l’arthrose. En effet, le surpoids sollicite énormément les articulations, encore plus dans le cadre d’une activité sportive. Sauter 40 cm avec un cheval obèse est équivalent à sauter 130 cm avec un cheval en bon état corporel ! C’est pour cette raison que dans le cas d’un cheval déjà atteint d’arthrose, on préférera le voir en léger sous-poid.

Le déferrage va également avoir son importance pour éviter les pathologies articulaires. À chaque pas, le fer vibre de façon infime contre la corne et crée un effet de résonance sur tous les tissus internes des membres, qui finissent par s’abîmer. Mais il ne s’agit pas simplement de passer son cheval pied nu et de penser que le tour est joué ! Le parage doit être parfaitement adapté ! Sur un pied mal équilibré, chaque centimètre de corne en trop va provoquer un effet de levier qui va démultiplier les forces exprimées sur l’articulation et la sursolliciter.

Enfin, il faut évidemment proposer un travail adapté à l’âge et l’état de solidification des articulations de son cheval et toujours bien l’échauffer avant le travail pour garantir son intégrité physique. Mais parfois, une vie saine et de multiples précautions ne suffisent pas à échapper à l’arthrose qui survient avec l’âge. Heureusement, de nombreux traitements sont désormais à disposition.

Des remèdes naturels pour soulager un cheval qui a de l’arthrose

L’arthrose ne se soigne pas, on peut simplement ralentir sa progression et soulager les douleurs qu’elle provoque. Lorsqu’elles sont très intenses, en accord avec son vétérinaire, on peut administrer des anti-inflammatoires, voire infiltrer. Cependant, le fait de supprimer aussi radicalement la douleur peut amener le cheval à faire des mouvements qu’il n’est en réalité plus en capacité physique de réaliser, ce qui peut aggraver les dégâts sur ses articulations. Ce n’est donc, à mon avis, pas une solution sur le long terme. D’autant que de nos jours, beaucoup de remèdes naturels moins agressifs existent pour soulager l’arthrose. Parmi eux : le vinaigre de cidre, le curcuma, l’harpagophytum…

Mais il existe également des compléments alimentaires moins connus tels que : 

  • La glucosamine : elle permet d’améliorer et de protéger les constituants du cartilage et donc d’éviter sa dégradation.
  • L’ASU (insaponifiable d’avocat et soja) : dont l’effet est de protéger le cartilage.
  • Le pack pronto cyanidine : il protège l’os sous chondrale et fait en sorte qu’il joue son rôle d’amortisseur et protège le capital osseux du cheval.
  • Le MSM (méthyl-sulfonyl-méthane) : il apporte un confort plus global en évitant les raideurs chez les chevaux dont les articulations sont déjà un peu abîmées.

En complément, le bourgeon de frêne, très utilisé en gemmothérapie, peut être utile pour limiter les inflammations et améliorer la souplesse des articulations. Cela va aider à redonner de la mobilité au cheval. Même s’il n’y a eu aucune étude sur le sujet, c’est en tout cas ce que je constate parmi mes clients qui ont testé. Toujours dans l’optique d’aider son cheval à bouger, le shiatsu fait évidemment partie des traitements naturels à mettre en place. Il va agir sur la dégradation des articulations et sur les contractures musculaires en les limitant. Enfin, des gestes très simples peuvent apporter du confort au quotidien : des massages ou encore l’utilisation de produits type back on track pour chauffer les zones atteintes par l’arthrose et les soulager.

En conclusion, ce qu’il faut retenir de l’arthrose chez le cheval, c’est que cette pathologie dégénérative qui touche aux articulations n’est pas inévitable et n’est pas non plus une condamnation. Au contraire : il est tout à fait possible de continuer à monter son cheval qui a de l’arthrose car le mouvement est la clé pour prévenir et soulager cette maladie ! L’important est d’apprendre à écouter son équidé pour pouvoir lui proposer les efforts et le cadre de vie qui lui sont adaptés, à lui en particulier. Tu voudrais en savoir plus ? Être formé(e) pour prendre en charge ton animal atteint d’arthrose comme il se doit et de manière personnalisée ? Inscris-toi à ma formation “Artho-logique” ! Et si tu veux continuer à découvrir toujours plus d’infos sur le thème de la santé et du bien-être équin et humain, rendez-vous tous les vendredis sur le podcast Murmure équin !

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