Prenons un exemple : je vais à la pension pour m’occuper de mes chevaux et j’en profite pour passer voir le cheval d’une amie dans son pré. Dans notre pension, les clôtures ne sont pas électrifiées. Je prends donc la clôture en main pour l’écarter et passer dessous. Sauf que ce que je ne savais pas, c’est que dans le pré de mon amie il y a une ponette fugueuse. Sa propriétaire a donc pris les devants et a électrifié la clôture ! Je touche la clôture, me prends un coup de jus, mon cerveau dit « aïeuh ! » et enlève la main en faisant faire à mon corps un bon en arrière. OK, maintenant c’est rentré, cette clôture il ne faut pas la toucher… Malheureusement mes réflexes ont la vie dure. Deux semaines plus tard je retourne dans ce pré et re-belote : j’attrape la clôture pour passer dessous ! Ce coup-ci en revanche un autre schéma se produit : je touche, ma main s’enlève de la clôture, mon cerveau dit « aïeuh ! » et je regarde ma main qui est déjà à 10cm de la clôture !
Bah mince, mon cerveau a dit « aïeuh » bien en retard… Ma main était déjà loin de la clôture quand j’ai eu le signal de douleur… Comme si ma main avait son propre petit cerveau indépendant…

Arc réflexe
Ce qu’il s’est passé dans mon corps est un « arc réflexe ». Un arc réflexe est une chaîne neuronale courte automatisée par l’apprentissage ou par l’inné limitant l’usage du cerveau et de la conscience. L’arc réflexe entraîne un acte moteur quasi immédiat à partir d’une ou plusieurs perceptions conjointes (pfiou, merci Wikipédia pour cette définition !).
Les neurones reliés à ma main ont en effet court-circuité mon cerveau pour me sortir rapidement d’une situation qu’ils ont identifié comme connue et pouvant potentiellement endommager mon corps ! Ma main est trop forte ! Sur le coup-là elle m’a sauvé la vie (oui je sais, je ne risque pas grand-chose avec la batterie solaire de mon amie mais ne le dites pas à ma main, elle pourrait m’aider dans d’autres situations similaires quand j’aurai un pace-maker !).
Parce qu’on ne va pas se mentir, l’arc réflexe est un mécanisme qui peut vous sauver la vie, ou au moins la rendre bien moins compliquée ! Grâce à lui vous savez que l’électricité ça pique, que le feu ça brûle, que les couteaux ça coupe, etc.
Et cet arc réflexe se retrouve aussi chez vos chevaux qui ont la même construction neuronale que nous ! Surprise non ? Leur corps va aussi se souvenir que la clôture électrique ça fait mal, que la cordelette du stick ça peut claquer sur la fesse, que l’humain peut rebondir exagérément sur leur dos abîmé… Tout pareil que pour vous, l’arc réflexe va protéger le cheval de ce qui pourrait potentiellement le blesser.
Habitudes et chemins neuronaux
Les influx nerveux qui commandent vos mouvements sont de gros flemmards, ils empruntent les chemins qui sont déjà ouverts. Un peu comme des cavaliers de rando ! On hésite toujours (au moins un peu) avant de couper à travers les ronces, on marche sur les sentiers étroits peu empruntés, on trotte sur les chemins plus empruntés par la circulation donc plus large et sur les pistes forestières yallah ! galop plein cul !
Vos neurones forment les chemins qu’empruntent les influx nerveux. L’influx nerveux voyage de neurone en neurone jusqu’à vous faire dire « aïeuh » quand vous touchez une clôture électrique, puis le chemin retour pour vous faire enlever votre main. Qu’est ce qu’il s’est donc passé entre ma main et mon cerveau quand j’ai touché la clôture ?
Le premier jour, les influx nerveux sont partis de ma main, direction le cerveau qui a analysé le signal. L’influx nerveux retour est ensuite retourné vers les muscles de mon bras et de ma main pour leur dire de se bouger et de me faire retirer ma main. J’ai donc eu d’abord le « aïe », puis le mouvement de main.
Il y a eu une expérience, qui a forcé la création d’un nouveau chemin neuronal qui n’existait pas avant. Je suis passée à travers les ronces de mon électrisation et mon corps a décidé que cette expérience valait le coup d’être capitalisée !
Le second jour donc, je touche la clôture, ce qui génère un influx nerveux qui se précipite vers mon cerveau ET vers mes muscles ! Je ne vais pas vous faire un dessin, les muscles de ma main sont beaucoup plus proches de la source d’influx nerveux (le clôture) que mon cerveau, ils réagissent donc en premier. Mon cerveau, bien discipliné, renvoi quand même un influx nerveux pour dire à mes muscles de se bouger, mais oh surprise ! le mouvement est déjà fait ! Voilà pourquoi ma main était loin du fil avant que mon cerveau ne dise « aïe » ! Incroyable non ? Ce raccourci qu’ont pris les influx nerveux, c’est l’arc réflexe qui s’est créé !

Et je suis persuadé que si je retouche encore cette clôture ma réaction instinctive sera encore plus rapide : le petit sentier est en train de devenir une piste forestière à force d’être emprunté par les influx nerveux ! Mais bon, promis, je ne vais pas le faire ! Je vais plutôt vous laissez cogiter sur cet article et ce qu’il implique en allant en écrire un autre dans la foulée.